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Arbres et forets

Le douglas dans tous ses états

Novembre 2017

Le douglas séduit de plus en plus de sylviculteurs. Quelles en sont les raisons ? Sa productivité ? Les différentes options de gestion régulière/irrégulière ? Les qualités de son bois ? Ou la fin des difficultés à écouler les bois rouges en première éclaircie ? Petit panorama du douglas dans tous ses états.

Forêts Privées du Grand Est

Le douglas séduit de plus en plus de sylviculteurs. Quelles en sont les raisons ? Sa productivité ? Les différentes options de gestion régulière/irrégulière ? Les qualités de son bois ? Ou la fin des difficultés à écouler les bois rouges en première éclaircie ? Petit panorama du douglas dans tous ses états.

Dans le Grand Est, les peuplements adultes de douglas ne sont pas légion, mais les reboisements montent en puissance : "le douglas représente près de 40 % de nos chantiers de reboisement résineux ; il tend à se substituer à l’épicéa", nous dit Isabelle Wininger (pépinière Wadel-Wininger). Néanmoins du chemin reste encore à faire, la récolte actuelle de douglas ne pèse que 5 % de la récolte résineuse totale du Grand Est. Sapin/épicéa ne sont pas encore détrônés !

Le douglas est originaire de la côte ouest de l’Amérique du Nord. Sur cette bande de 2 500 km du nord au sud, de nombreuses provenances existent avec un trait commun : cet "océanique" a besoin d’eau. Il lui faut plus de 800 mm par an, avec 200 à 300 mm en été. Cette exigence, qui a déjà conduit à des dépérissements dans certaines régions françaises en 2003, doit très sérieusement être prise en compte.

L’étude de station avant plantation est plus que jamais d’actualité : pas de sols calcaires, superficiels, argileux compacts, mouilleux en hiver et pas de versant sud. Cette essence étant très appréciée du gibier, des protections contre les cervidés sont à peu près toujours nécessaires même en cas de faible pression du gibier. Si la population de chevreuil n’est pas trop élevée, un répulsif peut suffire. Si la situation est plus déséquilibrée, des arbres de fer sont efficaces contre les frottis. Enfin, en cas de présence des cerfs, le douglas sera une cible particulièrement appréciée jusqu’à 2 mètres de haut (arbres bousculés, cassés, écorcés).

Les dégagements de plantations doivent être pratiqués régulièrement, mais modérément pour ne pas faire disparaître toute ambiance forestière. Compte tenu de sa croissance, la première éclaircie peut intervenir avant 20 ans. Cette essence de lumière doit bénéficier d’éclaircies dynamiques et régulières pour produire des bois de qualité (cernes régulières). Le douglas se prête à différents itinéraires sylvicoles selon le diamètre-objectif. Il semble que la tendance du marché recherche surtout des bois moyens (diamètre : 45-50 cm). L’élagage, sur un nombre de tiges limité (150 à 200 tiges/ha), est une opération très valorisante. Dans de nombreuses parcelles, la régénération naturelle s’installe aisément dès lors que la lumière est suffisante. Dans de tels cas, le renouvellement peut s’envisager par régénération naturelle (si la qualité des semenciers est correcte). Cette capacité peut également permettre d’orienter les peuplements vers une gestion irrégulière.

Pour un point très complet sur le douglas, voir le dernier numéro de Forêt-entreprise.

Catherine Négrignat - CRPF Grand Est

Les problèmes sanitaires du douglas : rien de catastrophique... Pour l’heure

En premier lieu, parlons du rouge physiologique, qui n’est pas une maladie à proprement parler. C’est une réaction de l’arbre à des conditions climatiques bien particulières apparaissant au printemps. Schématiquement, ce phénomène intervient quand le système racinaire du douglas n’est pas fonctionnel (gel,…) et que la partie aérienne est soumise à une forte évapotranspiration (chaleur + vent). Ce problème est amplifié sur des plants ayant un mauvais système racinaire. Une partie ou l’arbre tout entier devient rouge. Cette réaction est limitée aux jeunes peuplements (moins de 15 ans). Dans certaines régions (Massif Central), elle peut prendre des proportions dramatiques (plus de 95 % des plants morts). Dans le Grand Est, l’effet est surtout spectaculaire, mais généralement passager. Les peuplements les plus exposés se trouvent généralement en versant nord, venteux et ont été très (trop) bien dégagés (disparition de l’ambiance forestière). Alors, à bon entendeur…

Plus classique, la rouille suisse Phaeocryptopus gaeumannii est un champignon spécifique du douglas. C’est un parasite de faiblesse dans les jeunes plantations, qui entraîne rarement la mort des plants. Le phénomène peut être impressionnant lorsqu’il crée une défoliation plus ou moins complète des rameaux. Dans les cas graves, seules les aiguilles de l’année subsistent. On peut observer des ponctuations noires en ligne le long des lignes de stomates à la face inférieure des aiguilles atteintes. Ce pathogène est favorisé par un climat humide (conditions climatiques, zones de confinement).

Autre spécificité du douglas qui vient d’être découverte en France en 2015, la mouche des aiguilles du douglas Contarinia sp. La larve de cette mouche se développe dans les aiguilles de l’année. Celles-ci se déforment et prennent une teinte rougeâtre/violacée caractéristique. Le diagnostic est confirmé en disséquant les aiguilles. Pour l’heure, l’impact est limité et est surtout observé sur les jeunes peuplements qui perdent les feuilles colonisées.

En Amérique du Nord, aire d’origine du douglas et de la mouche, les pullulations peuvent faire des dégâts conséquents. Rien de semblable n’a été observé pour l’heure en Europe.

D’autres pathologies peuvent impacter le douglas, sans être spécifiques à cette essence : le plus problématique est sans conteste l’hylobe. Ce charançon consomme l’écorce des jeunes plants l’année de la plantation et pendant les 2/3 ans qui suivent. Une plantation peut être ruinée par cet insecte. Il est possible de demander des plants traités au pépiniériste.

Catherine Négrignat - CRPF Grand Est

Les nécroses cambiales

Plus problématiques, les nécroses cambiales en bande sont a priori liées à la station. Ce sont des lésions du cambium en forme de fuseau développées selon le fil du bois sur les troncs de douglas. Elles peuvent atteindre plusieurs mètres de haut et 20 cm de large et se repèrent par les bourrelets cicatriciels qui se développent de part et d’autre des nécroses. Extérieurement, la détection peut se limiter à une discrète fissure dans l’écorce. Les diamètres inférieurs à 30 cm ne sont pas impactés. Signalé dans l’Ouest de la France, présent en Bourgogne, ce problème semble atteindre notre région. Des études sont encore en cours. Elles ont déjà permis de faire ressortir que les nécroses sont plus fréquentes dans les zones de "basse altitude" que dans les zones de "haute altitude" (mise en rapport avec différents facteurs dépendant de l’altitude : pluviométrie, températures...). La déformation des troncs consécutive à la destruction du cambium rend les billes impropres au sciage. Ces nécroses peuvent être des portes ouvertes à des pourritures et, suivant leurs dimensions, engendrer un affaiblissement de l’arbre.

Prendre en compte les changements climatiques

Dans le cadre d’une étude des relations stations forestières – production du douglas menée sur les Plateaux calcaires du Nord-Est, le CRPF a tenté de prendre en compte les risques liés aux changements climatiques futurs lorsqu’on envisage d’introduire du douglas sur une station donnée. En effet, ces changements globaux sont relativement rapides à l’échelle des temps de production forestière, et le douglas, s’il est actuellement adapté à une station, peut venir à souffrir des modifications du régime des températures ou de pluviométrie dans les prochaines décennies.

Les principales conclusions de ces travaux sont les suivantes :

  • Sans surprise, les stations sur sol superficiel (moins de 40 cm, à forte charge en cailloux ou carbonaté sur plateaux) et les stations de pente exposées au sud ont déjà un potentiel de production très faible. L’introduction du douglas y est déconseillée, et la production future pourra difficilement empirer avec les modifications du climat. Le risque y est donc relatif.
  • Les stations de plateau sur sol limoneux épais (80 cm et plus) et décarbonaté présentent un risque plutôt modéré, car l’épaisseur du sol leur confère une capacité de stockage des eaux pluviales importante, qui compense, dans une certaine mesure, un éventuel déficit pluviométrique estival dans les décennies à venir. Le douglas peut y être introduit ou régénéré.
  • Les risques sont les plus importants sur les sols moyennement profonds (40 à 80 cm) et décarbonatés. En effet, si ces stations montrent actuellement une bonne productivité, c’est surtout grâce aux pluies abondantes (localement plus de 1000 mm, bien répartis sur toute l’année), qui compensent la faible capacité de stockage en eau des sols. En cas de déficit pluviométrique estival, le stock d’eau du sol étant limité, le risque de voir les peuplements devenir moins productifs, voire dépérir localement, est très élevé. Il convient alors d’être très prudent lors de l’introduction du douglas.

Ces conclusions sont toujours à considérer avec précautions, car ces travaux s’appuient sur des hypothèses fortes sur le changement climatique et le comportement des essences face à celui-ci. Mais elles ont été apportées de manière cohérente par deux méthodes expérimentales différentes. Les résultats détaillés de cette étude sont téléchargeables sur le site internet du CRPF Grand Est (http://www.cnpf.fr/champagneardenne/n/ les-essences-forestieres-champardennaises/n:208).

Jean-Baptiste Richard - CRPF Grand Est

Jean-Claude Hanique, expert forestier, gestionnaire de forêts privées dans le grand est, et les ardennes en particulier, nous fait part de son expérience :

Depuis près de 10 ans la part du douglas a augmenté dans les reboisements régionaux. Ce n’est pourtant pas un inconnu, dans les Ardennes des peuplements de qualité âgés d’un siècle existent à Vendresse (au sud de Sedan), de même en Ardenne belge.

Les tables de production belges montrent qu’en 60 ans sur stations équivalentes il surpasse l’épicéa en production de 15 à 20 %.

Au regard des chiffres, le choix du douglas s’imposerait. Mais attention, s’il est une "star", comme les stars, il a ses caprices. Au moins 800 mm de pluviométrie par an, encore faut-il que cette eau soit bien répartie dans l’année, et pas question de le planter dans des sols argileux hydromorphes ou des versants sud. Ce champion a aussi ses faiblesses :

  1. il "déteste" le calcaire actif dans les 40 premiers centimètres du sol ;
  2. il régule mal son évapotranspiration, les vents secs de printemps peuvent lui être fatal ;
  3. cerfs et chevreuils en sont friands. Dans la région, il est peu envisageable de le planter sans protection ;
  4. des maladies récentes sur des peuplements jeunes et moins jeunes incitent à la prudence.

Il est planté à des densités plus faibles que l’épicéa, entre 1100 et 1600 tiges/ha. Plus la densité de départ est faible, plus les regarnis sont indispensables. Sa croissance juvénile est bonne, 4 à 5 dégagements sur 10 ans l’affranchissent généralement de la concurrence.

Il existe dans la région des peuplements adultes mélangés avec épicéa ou mélèze. Le mélange a essentiellement pour buts de répartir les risques et diversifier la production. Si les conditions le permettent (sols, surface,..) il me semble préférable de créer des blocs mono-spécifiques, toujours plus faciles à gérer que des peuplements mélangés.

Son bois de couleur rouge possède des qualités technologiques remarquables. Longtemps pourtant, son prix de vente était inférieur à celui de l’épicéa. Aujourd’hui, à dimension équivalente, ils font jeu égal ; les propriétaires ne rencontrent pas de difficultés pour écouler leurs coupes. La question de l’âge d’exploitabilité se pose ou se posera rapidement. Favoriser un retour sur investissement rapide et une exploitation de bois à partir de 50 ans ou s’orienter vers la production de bois plus âgés donc de meilleure qualité technologique, plus gros et mieux payés, normalement...

La question est complexe, il ne peut y avoir réponse unique et de solution toute faite.

La plantation du douglas : un moment crucial

Aujourd’hui, les douglas sont mis en place à des densités de 1100 à 1600 plants par hectare. Il faut toujours veiller à utiliser des plants conformes aux arrêtés régionaux de provenances. La plantation doit être réalisée soigneusement : cette essence a tendance à développer beaucoup plus rapidement son système aérien que son système racinaire, cette particularité peut être accentuée par une mauvaise mise en place. De nombreux problèmes peuvent en découler : plants qui versent lors de coup de vent ou de dégagement trop vigoureux, pathologies opportunistes s’installant sur les plants affaiblis.

Exemple de dispositif extrait de la plaquette "Recommandations pour la réalisation des plantations dans le cadre du Fonds d’Aide à la Reconstitution de la Ressource Résineuse dans le Massif vosgien - FA3R", disponible au CRPF.

Plantation à espacements fixes entre les lignes avec mécanisation des entretiens

Passage du girobroyeur entre les lignes (on peut alterner 1 ligne sur 2 chaque année). Un dégagement manuel complémentaire sur les lignes peut être utile. Attention cependant, à ne pas détruire systématiquement le recrû (gainage des plants et protection contre le gibier).

Article extrait de la revue FORÊT DE FRANCE, la revue nationale de la forêt privée, diffusé auprès des propriétaires et professionnels de la filière forêt-bois.

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