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Gestion, réglementation et administration

Etienne Deslauriers : oui à l'Asie mais transformons d'abord

Octobre 2015

Etienne Deslauriers a 38 ans et un parcours déjà bien riche ! Avocat, financier, diplômé d'une école de commerce de Hong Kong, il a racheté, il y a 3 ans, avec deux associés, la scierie Renault de Bazoilles-sur-Meuse. Les analyses faites sur la viabilité de cette reprise annonçaient sa bonne faisabIlité et son succès… Mais aujourd'hui, la nouvelle société -baptisée Vosges Bois Développement- qui est au cœur de nos régions forestières, se trouve face à un problème d'approvisionnement ! La pertinence de l’analyse d’Etienne Deslauriers révèle toute l'aberration de la situation ! Les grumes -de nos arbres poussés en France- partent vers l'Asie alors que nos scieries -françaisesmanquent de ressource en bois !

Floréal n°102

Etienne Deslauriers a 38 ans et un parcours déjà bien riche ! Avocat, financier, diplômé d'une école de commerce de Hong Kong, il a racheté, il y a 3 ans, avec deux associés, la scierie Renault de Bazoilles-sur-Meuse. Les analyses faites sur la viabilité de cette reprise annonçaient sa bonne faisabIlité et son succès… Mais aujourd'hui, la nouvelle société -baptisée Vosges Bois Développement- qui est au cœur de nos régions forestières, se trouve face à un problème d'approvisionnement ! La pertinence de l’analyse d’Etienne Deslauriers révèle toute l'aberration de la situation ! Les grumes -de nos arbres poussés en France- partent vers l'Asie alors que nos scieries -françaisesmanquent de ressource en bois !

En 2012, vous reprenez, à Bazoilles-sur-Meuse (88), la scierie Renault qui est en liquidation. Cette scierie a plus de 100 ans, vous en avez alors à peine plus de 35 : comment s'est faite la connexion ?

Nous étions trois amis, trois apporteurs de capitaux, qui cherchions à investir : un ingénieur télécom, un ingénieur génie civil et moi-même, avec une formation d'avocat en droit des affaires. Aucun de nous ne connaissait le milieu du bois, mais lorsque nous avons su, par relations, que la scierie Renault était en vente, nous avons étudié le projet et nous nous sommes décidés. Mes deux associés le sont au niveau des capitaux, mais ne travaillent pas dans la scierie que nous avons rebaptisée Vosges Bois Développement (VBD).

Vous avez un parcours totalement atypique, diplômé en droit, spécialiste du commerce et de la finance, un look qu'on n'imagine pas vraiment dans les parcs à grumes, ou même en forêt ?

Je suis avocat, spécialiste du droit des affaires. J'ai commencé à travailler à Monaco tout en préparant une thèse sur le blanchiment des capitaux. J'ai ensuite passé 4 ans à Paris comme banquier. Puis, en 2009, je suis parti pour Hong Kong faire un MBA (école de commerce).

C'est à mon retour d'Asie, que je me suis associé avec les 2 autres personnes pour investir dans la filière bois. Alors, il est vrai que mon parcours peut paraître atypique, de même que mon "look" !

Souvent, dans les réunions "filière bois", on pense que je suis le représentant de la préfecture ! Le milieu du bois est nouveau pour moi : je suis vigilant, je reste à ma place, je suis le directeur général, mais toute la partie "technique" de la scierie est entre les mains d'un gestionnaire hautement qualifié, Mickaël Oudin. Il a connu tous les postes, en débutant comme manutentionnaire, il gère tout, et très bien, que ce soient les approvisionnements en bois, les problèmes de machines, ou les relations avec les ouvriers. Notre collaboration est totale et complémentaire.

Etienne Deslauriers à gauche, aux côtés de Mickaël Oudin, gestionnaire de VBD

Que pèse aujourd'hui VBD ? En hommes tout d'abord, en superficie, en outils ?

Notre SAS (Société par Actions Simplifiées) emploie 30 salariés ; elle est le plus gros employeur de la commune. Notre site couvre 12 ha, entre la scierie, les parcs à grumes et les séchoirs.

En ce qui concerne le matériel, nous avons repris une scierie en liquidation, cela signifie que l'entretien et les investissements n'étaient plus faits régulièrement. Notre matériel est fatigué, mais il demeure cependant performant. Nous remettons à niveau tout doucement. Nous avons déjà investi plus d'un million d'€uros, notamment dans les séchoirs et le traitement des produits finis.

Où se situent les approvisionnements et où partent les sciages ?

Nous achetons environ 32.000 m3 de hêtre qui, à 99 %, proviennent de Lorraine et Champagne-Ardenne. Nous militons pour un approvisionnement d'origine locale, car il nous faut tenir les coûts de transport. Un m3 transporté coûte 13,50 €uros et nous pouvons acheter les bois plus cher si les frais de transport sont moins élevés…

Nous bénéficions avec l'ONF et la coopérative F&BE d'un contrat de sécurisation représentant un pourcentage significatif de nos approvisionnements, mais cela reste insuffisant.

De plus, ces approvisionnements de proximité induisent qu'un camion peut faire 2 rotations par jour ! C'est un cercle vertueux qu'il faut absolument mettre en avant pour favoriser l'achat local. Nos 22.000 m3 de sciages partent, pour 60 % vers le Maghreb et le reste vers le GrandOrient. Et je ne peux taire que l'organisation du transport de notre région vers l'export est un immense échec franco-français.

Alors que nous avons des accès sur 4 mers et 7 ports autonomes performants au niveau équipement, nous ne les utilisons pas ! Tout part vers les ports belges et hollandais, principalement vers Anvers… Comment ne pas le regretter ?

Quant à nos produits connexes, ils restent en Lorraine, ou partent vers les panneautiers des régions voisines.

Votre projet de reprise a été étudié, ré-étudié, analysé, et pourtant, vous vous trouvez face à un problème que vous n'aviez pas imaginé devoir appréhender ?

Nous avions tout étudié, la remise à niveau des matériels, prévu des investissements… Mais la tension sur la ressource, non ! Nous devons régulièrement faire face à des problèmes d'approvisionnement et nous déplorons l'exportation massive des grumes vers l'Asie telle qu'elle est actuellement pratiquée, c'est-à-dire avec une vision anarchique et à court terme. Nous la dénonçons de manière sensée et réfléchie : la France n'a pas la capacité de scier toute la production de hêtre. Alors pourquoi ne pas proposer à l'export QUE ce qui ne peut pas être scié sur notre territoire ? Pourquoi ne pas alimenter, en priorité nos propres entreprises ?

Votre scierie et plusieurs autres en Lorraine agissent pour que les bois cessent de partir vers la Chine. Les asiatiques protègent leur environnement, leurs forêts, leur économie et menacent de faire péricliter notre propre filière. Quelle analyse en faites-vous ?

L'Asie a besoin de bois, la Chine particulièrement qui ne veut plus exploiter ses forêts qui ont été massacrées pendant plus de 50 ans. Cette demande, pour faire des meubles ou du parquet, ou autres, existe, c'est une réalité ! Nous lui proposons des grumes, elle achète des grumes et elle les transforme…

Si nous cessons de proposer des grumes, ses besoins en bois ne seront pas amoindris, ils demeureront… et si elle ne trouve que des sciages à acheter, elle les achètera. Il nous faut reconnaître que la Chine a une bonne gestion, elle gère bien ses ressources. De plus, l'import est subventionné et l'export aussi, donc elle agit en bon gestionnaire.

C'est à nous de prendre notre destin en main ! Nous sommes à un carrefour-clé, nous devons nous donner les moyens de retrouver notre performance des années 80… Si nous n'agissons pas, maintenant, nous pouvons couler.

Que devraient faire les pouvoirs publics pour protéger l'économie du bois ? Quel pourrait-être pour vous l'argument choc ? Mais peut-être en avez-vous plusieurs ?

Nous disposons de la matière première qui se trouve être une ressource renouvelable, et nous avons l'outil industriel, et malgré cela, nous nous retrouvons face à un gâchis.

En matière de ressource, nous avons deux interlocuteurs, qui constituent, en quelque sorte deux leviers : l'ONF, qui gère les forêts domaniales et communales, et la Forêt Privée.

Le premier se trouve face à un changement d'orientation : de service public, avec un quasi-monopole, il doit s'adapter à une démarche qui revêt un caractère commercial. Le second -les forestiers privés- est confronté au morcellement qui génère des difficultés de mobilisation…

Les pouvoirs publics doivent réglementer et adapter la fiscalité, prendre des mesures pour que le bois français soit proposé en priorité aux industries françaises ! Aujourd'hui, en Lorraine, on estime le pourcentage de grumes qui partent en conteneurs vers l'Asie à 50 %. Alors que nous, nous devons faire face à des difficultés d'approvisionnement !

La structuration de notre filière bois Lorraine, le travail et les actions accomplis par Gipeblor ces dernières années nous aident, bien sûr. Mais il faut surtout que l'ONF, et les propriétaires privés, privilégient l'économie de proximité en acceptant de vendre davantage localement.

Ainsi, nos scieries utiliseront du bois qui est produit sur place, dont la matière première sera valorisée sur place et nous créerons ainsi des emplois, même parfois peu qualifiés.

C'est pour toutes ces raisons que nous demandons à être entendus par les pouvoirs publics, et soutenus par les Conseils Départementaux et Régionaux. Et nous portons toujours le même discours : l'exportation, nous ne sommes pas contre, nous voulons simplement qu'elle se concentre sur la ressource que nos scieries ne peuvent absorber, et sur les sciages que nous aurons nousmême transformés. Si l'on explique ce discours avec pédagogie, il ne peut qu’être compris !

Propos recueillis par Marie-Françoise Grillot - CRPF

Article extrait de la revue FORÊT DE FRANCE, la revue nationale de la forêt privée, diffusé auprès des propriétaires et professionnels de la filière forêt-bois.

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