Drone : l’outil multifonctions des forestiers

Les drones sont des appareils (volant, roulant ou naviguant) munis de capteurs ou d’autres charges utiles qui sont contrôlés à distance par un pilote ou dirigés selon des plans de déplacements préétablis. 

Pour les drones aériens on distingue ceux-ci en deux catégories principales : les drones à atterrissage et décollage vertical et les voilures fixes.

De nos jours l’utilisation de drones civils pour des prises de vues aériennes s’est fortement développée tant pour des applications professionnelles que de loisirs. En effet, il est courant de voir des vidéos ou des photos dans des reportages ou des publications dans les différents médias.

Ainsi, d’un petit drone compact de moins de 250 grammes à un engin multi capteurs de plus d'un kilogramme, l’offre en matériel est très diversifiée de même que les prestations de services d’entreprises spécialisées. En parallèle, les règles de vol se sont précisées.

Pour les forestiers, il s’agit là d’un outil qui leur apporte une capacité d’obtenir rapidement et facilement des données de différentes natures fonction des capteurs embarqués et des traitements informatiques. 

Des capteurs fonction des données recherchées

Le drone est un porte-outil. Dans cet article nous nous intéressons principalement aux drones d’acquisitions de données mais le champ d’application est beaucoup plus large (transport, traitement aérien etc) et sera fonction de la charge utile qui pourra être embarquée.

Le choix du capteur quant à lui va déterminer les données que l’on pourra obtenir ainsi à la base, il s’agit de capteurs optiques plus ou moins précis permettant la prise de vue d’images dans le spectre visible. Mais il est aussi possible d’installer (ou sont installés d’origine) sur certains modèles des capteurs thermiques, des capteurs proche infra-rouge (permettant un apport spécifique dans les analyses végétation), ultra-violets ou un LIDAR.

De la « simple » vision d’ensemble d’un peuplement, d’une parcelle, d’un massif, d’un chantier 

La prise de vue aérienne simple sans traitement des données permet d’accéder à la vision d’ensemble du peuplement, d’une parcelle mais aussi d’avoir une vision des éléments tels que les lisières, les dessertes, plantations mares, milieux ouverts et autres éléments d’importance. Ce faisant il permet dès ce niveau d’orienter la gestion sylvicole « en prenant de la hauteur » tout en donnant une image précise du développement des houppiers, de la nature des essences, de l’irrégularité du peuplement ou de l’état sanitaire des arbres. 

Mathieu Sapolin – co-gérant de la Sarl Sapolin Frères – entreprise de travaux forestiers et ruraux : « Nous pensons investir dans l’acquisition de drones notamment pour mieux pouvoir préparer certains de nos chantiers d’entretien des emprises de lignes électriques en milieu forestier ou de débroussaillage notamment dans le cas où l’accès est difficile. De même pour les opérations d’abattage de certains arbres, une vue aérienne sera un vrai plus tout particulièrement pour la sécurité des bûcherons. »

L’usage de capteurs thermiques permet d’obtenir des images de points chauds dans le cadre de la prévention des feux de forêts ou de la présence de mammifères par exemple dans le cas de repérage des faons avant les moissons ou les fauches.

Un exemple d’une vidéo réalisée avec un drone DJI mavic air 2. 

À l’accès à des données cartographiques – l’analyse de données

Selon la méthodologie des prises de vue, des capteurs employés notamment du LIDAR et du traitement des données, tout un ensemble de données cartographiques 2D et 3D via les techniques de photogrammétrie peuvent être produites. Il peut s’agir de photographies géoréférencées, de modèles numériques de terrain, des calculs de surfaces, cartes des dépérissements, taux de reprise des plantations cartes des essences, données dendrométriques estimation des volumes…). Ainsi, l’outil drone aérien et ses différents capteurs associés au traitement des données permet d’accéder à un vaste champ d’informations utiles à la connaissance forestière, la sylviculture, l’exploitation des bois ou la protection du patrimoine forestier tout en offrant des gains de temps précieux. C’est un outil rapide, efficace et souple d’emploi.

M. Aurélien Haaz – expert forestier : « Nous travaillons sur ce sujet en Association le cabinet FORESTRY pour acquérir et traiter des données relevées par des drones disposant de capteurs multispectraux. Les données aériennes et leur traitement informatique permettent de créer des modèles mathématiques associant la hauteur et le diamètre et d’obtenir des inventaires et des cartes très précises dans les peuplements résineux. Cette méthode nous permet de réaliser des inventaires exhaustifs des arbres en limitant les prises de données de terrain et ainsi les couts d’acquisition. Le capteur multispectral dans le proche infrarouge nous permet aussi de détecter les dépérissements et de déterminer un gradient de stress hydrique.

Au sein de notre cabinet, nous avons acquis récemment un drone DJI Phantom 4 pro V2 disposant d’un capteur dans le domaine visuel afin de pouvoir disposer de vues aériennes pour nous guider dans la gestion quotidienne des propriétés de nos clients. Les applications peuvent être multiples :  suivi de l’état sanitaire des peuplements, réception des chantiers de travaux, vérification des coupes. Pour nous, c’est un outil indispensable dont les utilisations vont se développer à court terme. »

Un outil soumis à une réglementation d’utilisation

Le pilotage des drones aériens que ce soit à titre professionnel ou de loisir est soumis au respect d’une réglementation très précise. Ainsi, indépendamment d’obligations de formations, de déclaration, certaines zones sont interdites au vol et d'autres soumises à restrictions.

Vous trouverez tous les éléments sur le site internet du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

https://www.ecologie.gouv.fr/politiques/drones-aeronefs-telepilotes

Enfin, n’oubliez pas que l’utilisation de drones peut déranger certaines espèces animales notamment l’avifaune et plus particulièrement les rapaces.

Petit clin d’œil 

Le nom drone vient de l'anglais faux-bourdon. En effet, en 1935, l'un des constructeurs de version automatisées d'avion, avait baptisé les avions cibles Queen Bee (reine des abeilles) mais leur vol les faisant plus ressembler à de faux bourdons, le mot drone fut choisi.