Novembre 2022
Dans un article du Bois international en date du 16 mai 2022 dans le cadre de l’annonce d’un accompagnement financier des entreprises de production et de plantation de plants forestiers sont repris les propos du ministère de l’Agriculture qui indique que « Le renouvellement forestier dans le contexte du changement climatique est amené à se reposer de plus en plus sur les actions de plantation, d’enrichissement et d’accompagnement de la régénération la plus adaptée aux conditions climatiques futures. Les maillons de la filière graines et plants ont ainsi un rôle croissant à jouer pour assurer le renouvellement forestier, alors même qu’ils sont également impactés par les conséquences déjà perceptibles du changement climatique (sécheresses, canicules…) ».
Ainsi, si selon les données de l’Inventaire forestier, 87 % des forêts françaises sont issues de régénération naturelle, les forestiers ont toujours accompagné le renouvellement forestier ou l’implantation de nouvelles forêts par de la plantation. Le choix des essences et des méthodes de plantation est rendu plus difficile par les conséquences du changement climatique mais la recherche appliquée comme par exemple le projet Pilote permet de proposer des solutions.
Dans un précédent blog nous vous avions déjà évoqué les origines et les règles que cet adage porte dont celles de la meilleure période de plantation. En effet, il ne viendrait à personne l’idée de planter des arbres forestiers en plein mois de juillet mais il n’y a pas que la période de plantation qui est d’importance. D’autres éléments sont à prendre en compte.
Avant de décider quelle(s) essence(s) on souhaite planter pour renouveler ou réimplanter une forêt, il faut déjà s’assurer que cette ou ces essences sont adaptées aux conditions stationnelles d’implantation. Il est donc nécessaire d’effectuer ou de faire effectuer par un professionnel un diagnostic de la station. Ce diagnostic va orienter le choix des essences en fonction d’un certain nombre de paramètres relatifs notamment aux caractéristiques du sol, à l’ensoleillement du site, à son altitude, à la réserve utile en eau, aux évolutions climatiques futures etc.
Il permettra ensuite d’établir le projet de plantation avec un ou plusieurs itinéraires de plantation : choix des essences, modalités de plantation, travaux préparatoires, densité, protections éventuelles contre le gibier, maintiens d’arbres sur pied, biodiversité à prendre en compte et de déterminer un budget.
Les plants forestiers qu’ils soient en racines nues ou en godets suivent des catégories qui sont désignées par un code qui traduit leur âge et la façon dont ils ont été cultivés en pépinière par exemple 1S0, 1+1. Vous trouverez le détail des différentes catégories de plants par exemple sur la page du CNPF en cliquant ici.
Les modalités de production des plants influencent sur le développement racinaire des plants forestiers et c’est la bonne conformation et le bon développement du système racinaire qui permettra au jeune plant de mieux surmonter ce que l’on appelle la crise de transplantation.
Les plants forestiers mis sur le marché doivent par ailleurs respecter un certain nombre de critères de qualité extérieurs : fraîcheur et qualité du système racinaire, forme de la tige, diamètre minimal, classe de hauteur entre autres.
Ces critères sont repris dans la brochure « Boiser et après… » du Ministère de l’Agriculture et de la Forêt et on en retiendra cette phrase « vouloir économiser sur la qualité des plants est un mauvais calcul qui compromet l’avenir du boisement et risque de coûter cher ! »
Dès 1966, et dans le cadre de la mise en place d’une réglementation sur le commerce des graines et plants forestiers, un important programme d’amélioration génétique des principales essences forestières a été mis en place. Ainsi, la récolte des graines pour la production de plants est réglementée et ne peut avoir lieu que dans des matériels de base admis et classés (sources de graines, peuplements ou vergers à graines voire clones notamment pour le peuplier).
Il en découle une classification des différents peuplements correspondant au niveau de connaissance acquis à leur sujet.
- catégorie identifiée (étiquette jaune) : connaissance de l’origine géographique.
- catégorie sélectionnée (étiquette verte) : issu de peuplements sélectionnés- Les critères de sélection sont l'adaptation du peuplement aux conditions écologiques, son homogénéité, son âge, son état sanitaire, sa production en volume, la forme des arbres…
- catégorie qualifiée (étiquette rose) : issu de vergers à graines mis en place spécialement pour la production de graines de qualité génétique supérieure.
- catégorie testée (étiquette bleue) : matériels sur lesquels on a acquis le plus de connaissance. Leur supériorité, sur des critères donnés et pour une région spécifique, est démontrée par des tests de comparaison ou des évaluations.
Enfin afin de s’assurer de la bonne adéquation entre les ressources génétiques utilisées pour le reboisement et les caractéristiques pédoclimatiques du lieu de plantation, des conseils d’utilisation des ressources génétiques forestières ont été rédigés régulièrement actualisées.
Elles sont consultables sur le site internet du ministère en charge de l’agriculture et des forêts en cliquant ici.
Des arrêtés régionaux définissent par ailleurs les listes de matériels forestiers de reproduction éligibles aux aides de l’État (espèces, régions de provenance, normes de qualité des plants, densités de plantation).
La plantation doit se faire sur un sol le plus meuble possible qui aura été travaillé suffisamment tôt pour permettre son tassement et éviter les poches d'air avant la mise en place des plants. Il ne doit pas être gelé ou trop humide. Ce travail de préparation du sol, qui peut comprendre un broyage préalable de la végétation, peut être fait au niveau du plant par exemple dans le cas du potet travaillé manuel ou mécanique, au niveau des placeaux (collectif de plants implantés sur de petites surfaces généralement d’une vingtaine de mètres carrés) voire en plein. Là aussi, ce sera le diagnostic préalable qui en déterminera les modalités.
On ne plante pas toute l’année, cela parait être une évidence cf notre fameux adage évoqué en introduction mais encore faut-il y penser et bien prendre en compte la météo.
Ainsi, les périodes de plantation vont de novembre à mars/avril avec une préférence au printemps dans les sols lourds et humides et plutôt à l’automne dans les sols légers et sablonneux. Toutefois ces dernières années on observe un décalage de la période favorable entre janvier à avril car l’automne étant de plus en plus chaud et retarde alors la période optimale de plantation.
Il faut proscrire les plantations lorsque le sol est gelé, si la terre est recouverte de neige ou saturée d’eau ou lors des périodes de trop fort ensoleillement ainsi que les jours de grand vent sec et froid.
Si vous faites appel à un professionnel pour réaliser les travaux de plantation, ce dernier s’engage sur un taux de reprise des plants à l’issue de la première saison de végétation. Le constat de reprise consiste généralement en un sondage qui examine l’état d’une partie des plants d’un chantier de reboisement. Cet état est à minima décrit en trois catégories : vivant, mort, mort ou absent pour des causes indépendantes de l’entreprise. Les printemps et étés chauds et secs ont des conséquences sur ces taux de reprises mais le professionnel lui ne maîtrise pas la météo…
Le jeune plant est un être vivant. Dans le cas des plants en racines nues, le plant dont les racines restent à l’air libre dépérit rapidement notamment. Par conséquent, la durée entre l’arrachage en pépinière et la plantation doit être la plus réduite possible et les conditions de stockage optimales.
La mise en terre du plant qu’il soit en racines nues ou en godets doit respecter un certain nombre de consignes et doit être soignée. Le plant doit être implanté à la bonne profondeur, vertical, sol légèrement tassé autour du plant, les racines bien réparties pour les plants en racines nues entre autres.
L’intégration de la biodiversité existante ou future n’est pas à oublier. Cela peut passer par le maintien d’une partie du peuplement initial, la non replantation de certains espaces, la vigilance lors des travaux au regard des zones humides, la diversité dans le choix des essences etc.
La garantie de réussite d’une plantation ne s’arrête pas après la première année, il faudra poursuivre les entretiens et les travaux en faveur de certaines tiges pendant plusieurs années : dégagements, tailles de formation, élagage, entretien des cloisonnements. Ne les omettez pas et prévoyez les dans votre budget de même que les protections contre le gibier.
Qualité du diagnostic stationnel, qualité des plants, qualité de la plantation et qualité des suivis doivent être les fils directeurs pour toute plantation pour garantir le maximum de chance pour que les plants puissent se développer.
N’hésitez pas à faire appels aux professionnels : gestionnaires forestières, entreprises de travaux sylvicoles pour ces travaux.
Ainsi, dans le contexte actuel d’adaptation de nos forêts au changement climatique et donc d’assurer leur avenir dans une logique de multifonctionnalité, la plantation, sans et en complément de la régénération naturelle est un choix non seulement judicieux, mais essentiel ! Ce sont les générations futures qui bénéficieront du travail réalisé aujourd’hui.
Site internet de l’UNEP : Travaux de plantations forestières - : les règles professionnelles
Ministère de l’agriculture et de la forêt : Guide « réussir la plantation forestière », 3ème édition, décembre 2014
Site internet du CNPF : Types de plants et normes en pépinière forestière
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