Arbres et forets

Quelles techniques de plantation et avec quels outils ?

Octobre 2025

Planter un arbre, rien de plus simple me direz-vous ! En effet, Il suffit de creuser un trou avec une bêche, y placer l’arbre, refermer et tasser avec les pieds. Voilà c’est fait.

Oui, cela peut paraître évident que de planter un arbre, mais derrière cet acte, il y a un ensemble de techniques que les reboiseurs mettent en œuvre. En parallèle, le manque de main d’œuvre et d’entreprises sont à l’origine du développement de nouveaux outils.

Mais avant de déterminer les techniques de plantation, il faut déjà choisir les plants à mettre en terre dont il en existe de trois types :

  • à racines nues,
  • en godets
  • les plançons pour les peupliers

Ainsi un plant est dit “à racines nues” quand il n’y a aucune terre autour des racines, elles sont à l’air libre ; à l’inverse, le plant en godet est un plant avec ses racines et de la terre, le tout conditionné dans un conteneur d’un certain volume. Les plançons sont quant à eux des plants dont le système racinaire et les branches ont été coupés, ils constituent en fait de grandes boutures.

La plantation

Mise en terre des plants en racines nues

Pour la mise en place des plants, deux techniques sont généralement employées, à savoir la plantation en fente ou la plantation en potet travaillé.

Plantation en fente : Cette technique de plantation est fréquemment utilisée, car très rapide. La fente est une cavité étroite creusée dans le sol, sans extraction de terre, par la pénétration et des mouvements de va-et-vient d’une pioche ou d’une bêche plate. Le plant est immédiatement mis en place jusqu’au niveau du collet et les racines sont recouvertes par refoulement de la terre au pied. Point de vigilance, il faut veiller à bien répartir les racines dans le fond du trou afin d’éviter la formation d’un chignon préjudiciable au bon développement du futur arbre et il faut tasser le sol au pied du plant pour le stabiliser et de supprimer les poches d’air.

Schéma de la plantation en fente d'un plant en racines nues. Sources : Règles professionnelles UNEP n°N.C.2-R0

Plantation en potet travaillé : Le potet est un trou de forme cubique creusé à la bêche ou par moyens mécaniques (mini-pelle par exemple équipée d’une dent ou d’une tarière) faisant entre 20 et 30 cm de côté et de profondeur. Il est conseillé d'adapter la dimension du potet en fonction de la taille du plant et notamment de son système racinaire, mais aussi des caractéristiques du sol. Cette technique de plantation par potet travaillé est en fait à préférer à la plantation en fente, car elle permet de garantir une bonne installation du système racinaire et une meilleure gestion du développement de la végétation concurrente. Certes le coût est supérieur, mais la qualité de la plantation est là.

Schéma de la plantation en potet. Source : Règles professionnelles UNEP n°N.C.2-R0

Mise en terre des plants en godets

Mise en terre avec une bêche plate ou une pioche : Avec une bêche ou une pioche, il s’agit de creuser un potet adapté au volume de la motte, la placer dans le potet de manière à assurer un contact parfait avec ses bords. La motte doit être recouverte de quelques centimètres de terre pour éviter un dessèchement par effet « mèche » et il faut naturellement tasser la terre légèrement au pied du plant.

Schéma de plantation des plants en godets. Source : "Guide technique Réussir la plantation forestière"

Canne à planter : Ce système est simple et apporte une ergonomie supplémentaire par rapport aux outils classiques précités. Il suffit d’enfoncer le tube dans le sol, d’ouvrir les mâchoires en actionnant la pédale, d’insérer le plant dans le tube avant de retirer celui-ci doucement en exerçant une rotation pour dégager l’outil de la terre. Il ne reste plus qu’à tasser la terre autour du plant avec les pieds. La MSA de Franche Comté a réalisé une vidéo de présentation de l’outil afin de mettre en avant ses qualités. Pour la visionner : lien vers la vidéo.

Canne à planter POTTIPUTKI

Mise en terre des plançons

Pour les plançons de peuplier, le trou de plantation est réalisé avec des outils qui sont fonctions de la nature du sol et des éventuels travaux préparatoires de ce dernier. Il peut s’agir de tarières ou de dents de plantation mises en œuvre par des engins mécanisés. Le trou doit permettre d'enfoncer le plançon à au moins 1 mètre de profondeur.

Points de vigilance plantation en racines nues ou en godetsLa mise en terre des plants doit toujours être soignée. Coup de pied trop fort ou pas assez… Collet enterré, racines recourbées, etc. sont autant de mauvaises pratiques qui vont avoir un effet négatif sur la croissance du plant. Ainsi, par exemple une fois planté et afin de s’assurer que le plant est bien stabilisé, il doit résister à une traction modérée à la main. Le plant en racines nues est un matériel végétal vivant dont il faut absolument prendre soin et éviter d’exposer les racines à des risques de dessèchement. Il est donc indispensable dans ce cas d’utiliser des sacs de plantation pour y stocker les bottes au fur et à mesure de l’avance du chantier. De même, entre la livraison des plants et le début de chantier, les plants devront être mis en jauge qui est une petite tranchée dans laquelle on entrepose les plants en recouvrant les racines par de la terre. Pour les plants en godets, ces derniers doivent être conservés au frais, motte humide. À noter que si le choix des plants en godet offre une bonne garantie de reprise, on se doit néanmoins de prendre en compte la nature du sol. Ainsi, les plants en godets sont déconseillés pour des plantations avec des sols compacts de type argileux où les fentes de dessication peuvent rompre le contact entre la motte et le sol. Pour les racines nues, si celles-ci sont anormalement longues (plus de 25 cm), il faut les raccourcir (habillage) au sécateur pour éviter de les replier au fond du trou. D’autres points sont à surveiller et à prendre en considération, nous vous renvoyons vers le guide Réussir la plantation forestière ou vers l’ouvrage Le chantier de plantation forestière disponible dans notre librairie.


Travail préparatoire du sol

À noter qu’au préalable d’une plantation, qu’elle soit en racines nues, godets ou plançons, un travail mécanisé du sol est possible, voire nécessaire, et ce, afin d’optimiser le développement des plants ou plançons ou de permettre la plantation en fonction de la nature du sol.

Systèmes de plantation mécanisée

Pour pallier un manque de main d’œuvre dans les entreprises de reboisement qui concerne aussi nos pays voisins, de nouveaux outils de plantation mécanisée y ont été développés ces dernières années.

On trouve à ce jour principalement sur le marché deux systèmes, à savoir soit des robots télécommandés de plantation sur chenilles ou des têtes planteuses à adapter sur des pelles.

Ces deux systèmes permettent de réaliser simultanément un travail du sol préparatoire avec la plantation de plants en godets. Leur autonomie est de l’ordre d’une centaine de plants.

Et demain ?

La technique de renouvellement forestier par semis direct est une technique ancienne. Elle est en train d’être (re)découverte dans le contexte du renouvellement des peuplements dégradés et d’adaptation des forêts aux nouvelles conditions climatiques et bénéficie des avancées technologiques dans l’usage de drones.

Ainsi, des expérimentations sont en cours pour utiliser des drones aériens pour effectuer des semis directs en dispersant directement des graines mélangées avec par exemple du sable ou en les encapsulant dans des boulettes. Par ailleurs, des projets de recherche sur des machines autonomes de plantation existent, notamment en Suède.

S’il n'existe pas de technique universelle, les caractéristiques du sol, la topographie, la qualité de l’exploitation préalable, la végétation naturelle spontanée, mais aussi l’exposition et les conditions climatiques sont autant de facteurs qui influent sur le choix de la technique la plus appropriée au cas d’espèce. La mise en terre des plants est l’étape la plus importante dans la vie d’un arbre et il ne faut surtout pas la négliger pour assurer la pérennité du peuplement dans son entièreté. Les arbres auront une chance de survie d’autant plus aléatoire qu’ils auront été mal plantés, car c’est au moment de la plantation que l’on agit sur la forme des racines et sur leur environnement de développement. La littérature forestière regorge d’exemples d’échecs pour ceux qui auraient encore besoin d’être convaincus.

Ainsi, en plantation forestière, l’équation mentionnée dans le guide « Réussir la plantation forestière » reste toujours d’actualité et appelle à un ensemble de compétences et de matériels adaptés :

Plants de bonne qualité

+ conditions de stockage adéquates

+ mise en terre soignée

= forte chance de réussite de la plantation 

Ressources supplémentaires

Vidéo ONFhttps://www.youtube.com/watch?v=Y_gW7TV-4fw

Guide réussir la plantation forestière : http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/guide_reussir_la_plantation_forestiere_201501_a4_cle8a81f1.pdf

Règles professionnelles UNEPRègles professionnelles UNEP n°N.C.2-R0